Le coquelicot et le bleuet, plantes messicoles emblématiques de nos campagnes, sont en voie de disparition. Le grand responsable : les pesticides largement épandus sur les cultures céréalières. Cependant, si le bleuet a quasiment disparu, tout comme la nielle des blés, la nigelle des champs, le miroir-de-Vénus et le pied d’alouette, le coquelicot, lui, résiste. Cette résistance exaspère tellement les chimistes qu’ils inventent en permanence de nouvelles molécules pour l’éradiquer. Sans y parvenir tout à fait. D’où vient cette résistance ? D’où vient l’ardeur combative de cette fleur devenue symbole du combat pour la biodiversité ?
Le coquelicot tire son nom de la ressemblance de sa couleur avec la crête du coq, certains diront que c’est le coq qui a emprunté son nom à la flamboyante fleur, cocorico...
On attribue sa ténacité au fait que ses graines se disséminent à tout vent et qu’elles peuvent rester sous un amas de terre pendant des années, attendant le moment propice pour germer. Une terre pauvre mais « remuée », suffit à le faire refleurir. Il se niche dans les chantiers, talus de routes, terrains vagues, cimetières, bords des voies ferrées...
« Le coquelicot est cette fleur anarchiste qui reparaît sans cesse là où les méchants de l’histoire, comme ces damnés pesticides, croyaient l’avoir éradiqué ».
Le coquelicot ne doit pas disparaitre, il est ancré dans notre culture, sous forme de comptine, de romance, de mets délicieux ou apaisant.
Il représente aussi l’espoir et la vie. Dans les tranchées de la guerre 1914-1918 « la terre, bouleversée par les obus, ramenait à la surface des graines de coquelicots qui couvraient les champs de la mort de milliards de fleurs rouges » . En Angleterre et au Canada, les poppies, arborés en novembre à la boutonnière, commémorent le sacrifice des morts au combat, honorés par le poème d’un soldat écrit en 1915 sur la tombe de son ami (Voir le poème "Au champ d'honneur" page suivante).
Les champs de coquelicots autrefois compagnons des blés ont été immortalisés par les peintres dont les plus célèbres, Monet, Van Gogh, Klimt, Courbet, Renoir ont exalté leur beauté. Preuve que dans le passé, nos campagnes resplendissaient sous l’éclatante couleur de cette fleur sauvage.
Source :« Nous voulons des coquelicots ». Reporterre.net. L’Appel lancé fin 2018 avait déjà recueilli plus de 1 million de signatures en décembre 2019. Il exige l’interdiction de tous les pesticides.
Josée-Hélène L. & Patrick P.
La Gazette no 3 - Janvier-mars 2020
Adaptation en français du poème: In Flanders Field (Au Champ d'honneur) , composé sur le champ de bataille en 1915 par John McCrae, soldat major d’origine canadienne:
Au champ d'honneur, les coquelicots
Sont parsemés de lot en lot
Auprès des croix; et dans l'espace
Les alouettes devenues lasses
Mêlent leurs chants au sifflement
Des obusiers.
Nous sommes morts
Nous qui songions la veille encor'
À nos parents, à nos amis,
C'est nous qui reposons ici
Au champ d'honneur.
À vous jeunes désabusés
À vous de porter l'oriflamme
Et de garder au fond de l'âme
Le goût de vivre en liberté.
Acceptez le défi, sinon
Les coquelicots se faneront
Au champ d'honneur.
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